Carnet de route

Récit des journées 6 et 7

Le 08/06/2024 par Luc VEYSSIERE

Le weekend du 8 et 9 juin marque notre 4ème rendez-vous du cycle d'initiation Alpinisme. Il vient après presque 5 mois d'abstinence, du fait de la météo quasi-hivernale du printemps.

Comme à l'habitude, Anne-Laure et Marc nous communiquent en début de semaine, le lieu et l'objet de ces 2 journées : ce sera course d'arêtes dans le Vercors. Quelques clics et l'attente du départ est déjà longue, devant mon écran et ces paysages préalpins, que je ne connais pas.

Les journées s'égrènent au rythme des messages WhatsApp pour caler l'organisation. Vendredi est enfin là. Le départ est donné à 18h au gymnase. On se retrouve tous les 6, la banane au coin des lèvres. En plus, Peggy a ramené sa cocotte-minute, de laquelle s'échappent les vapeurs d'une bonne soupe au brocolis, pour souder un peu plus le groupe : idéal pour les températures encore un peu fraîches ; un peu moins, pour ses effets dans un mobil home de 30m² aux murs perméables à l'air et au bruit...

Face à la météo capricieuse mais conforme aux prévisions, nous revoyons samedi de 8h à 10h, sous la pergola du mobil home, les différents types de progression puis révisons les manipulations, au cours d'un atelier très instructif, avec pose de protection sur les dossiers des chaises de jardin et autre tancarville.

À 10h, nous partons pour le parking de la Conversaria et la course du jour, au Roc de Cornafion. Après 1h30 de marche d'approche et luisants sous un ciel lourd, nous grignotons nos encas du déjeuner, au Col Vert. Les cordées établies dès le matin, s'encordent avec initié en tête et initiateur en second.

J'entame le parcours avec Marc. La progression n'est pas très difficile. J'avance assez vite, car nous partons d'après les estimations, pour un retour à la frontale. La pose de protections n'est pas forcément nécessaire, grâce à la multitude de becquets, qui permettent un assurage en fonction du terrain naturel. Derrière, Eddy ne peut s'empêcher de jouer avec ses Friends et Peggy, avec ses coinceurs.

À mi-parcours, un aléa sur un rappel de 15m et je me retrouve coincé par deux fois avec le ficelou serré à bloc ... c'est ça aussi l'initiation : challenger nos initiateurs et leur faire réviser leur manipulation d'assistance. Marc réussit haut la main, à me décoincer les deux fois.

Cela permet également aux cordées de Peggy et d'Eddy de nous rattraper. Peggy passe alors devant, avec Anne-Laure. Le terrain change : moins herbeux, plus minéral, plus gazeux. Je ne suis plus très à l'aise. Je ne me sens pas en capacité d'assurer la sécurité de Marc : je lui demande de passer devant. Nous avançons quelques dizaines de mètres supplémentaires puis les prévisions météo se confirment. Le ciel s'assombrit et les précipitations se rapprochent. Il est 16h environ. Nous sommes partis à 12h30 du Col Vert soit 2h30 de progression et environ la moitié de la course parcourue. Nous décidons tous de prendre une échappatoire puis de débriefer cette journée au Central bar à Villard de Lans. Je m'endors avec l'envie non dissimulée de revenir demain, finir cette course.

La météo annoncée de dimanche ne nous offre pas une fenêtre assez large pour retourner au Cornafion. Ce sera donc l'arête des 3 pucelles, non loin du tremplin à ski des JO de 1968. La marche d'approche de 40min nous amène à la salle à manger, point de départ et d'arrivée de la course. Les cordées sont identiques à la veille. Le départ est un rappel de 10m. Cette fois-ci, j'utilise mon reverso et le contre assurage par Marc, parti devant. Mon inexpérience du rappel avec demi-cabestan m'a valu mon ficelou la veille. Le chemin contourne les arêtes par leur pied. Une chasse d'eau permet de franchir un passage fuyant. La progression se fait à l'ombre puis s'élève au soleil dans un environnement un peu aérien, entre les rochers et quelques pins isolés servant de relai. On alterne entre corde tendue et tirer des longueurs. Le site est propice à la pose de protection, bien que déjà équipé de quelques points. Deux passages en 4 nous amènent à quelques contorsions voire à enfiler les chaussons. Un dernier passage un peu engagé et nous nous retrouvons tous les 6 sur le dernier éperon pour la photo finish, avec Grenoble en toile de fond.

Me voilà dépucelé de la course d'arête et comme tout vice, j'en redemande!